Passé les courses de chars de l’antiquité, le spectacle équestre sera marqué par les tournois dont le Roi René donne une magnifique description dans son Traité et devis des tournois des 1467. Dès la Renaissance (en savoir +) les jeux d’exercices vont être au cœur des manifestations royales sous forme de présentations publiques. Liées à la maitrise toujours plus élégante des déplacements du cheval, cette représentation du pouvoir évolue vers le carrousel. Voltaire écrit dans son Essai sur les mœurs (1756) : « Aux tournois et pas d’armes ont succédé les combats contre les taureaux en Espagne et les carrousels en France, en Italie, en Allemagne. Il s’est fait des révolutions dans les plaisirs comme dans tout le reste ».
Ces spectacles grandioses permettent de montrer à un large public le niveau équestre des cavaliers lors de jeux d’exercice avec lances, épées, sabres sous forme de courses de bagues, pour attester du haut degré de précision individuelle et de maîtrise collective, les écuyers montrant les mouvements de haute école dont les sauts d’école. Parades et défilés militaires maintiennent la présence de l’armée dans des événements qui associe alors tradition et patriotisme.
Les spectacles équestres du XIXème siècle trouvent un nouvel élan avec l’apparition du cirque, et des théâtres équestres, forme qui prend une place dans la hiérarchie des spectacles et suscite des créations artistiques et influence l’art équestre à travers de nouveaux écuyers non issus de la noblesse. Ils visent le spectaculaire obtenu par des méthodes originales et sont l’objet d’admiration et de polémiques comme V. Franconi, Ch. Pellier, Fr. Baucher, J. Fillis, ….. Le cirque avec ses hippodromes et ses pistes rondes devient une nouvelle passion au XIXème siècle. Ces écuyers de spectacle dont certains deviendront célèbres s’appuyant sur la mise en spectacle du cheval, animal dont la présence était si familière avant l’apparition de l’automobile. Ainsi le cirque redonne vigueur aux spectacles équestres mais sous une forme nouvelle, comme le décrit Caroline Hodak-Druel dans Le cirque à la recherche d’une identité.
Les carrousels perpétuent une forme de spectacle équestre collectif, comme à Saumur, avec sa fête annuelle de l’Ecole de cavalerie, dont le premier Carrousel eut lieu le 20 juin 1828 et la description très riche d’enseignements par Pierre-Antoine Aubert dans son Traité de 1836. C’est une démonstration traditionnelle publique de la valeur de l’enseignement donné à l’Ecole par les Ecuyers et les professeurs d’art militaire, et le haut degré atteint par leurs élèves, tous officiers.
Le premier carrousel de 1828, avec la visite exceptionnelle de la duchesse de Berry, est décrit minutieusement d’après des témoignages d’époque par J-H Denecheau. Les sauts d’école y sont présents et décrits par Auber dans son Traité. Ces sauts présentés par l’Ecuyer Brifaut, sont la marque du haut niveau de l’équitation académique transmis à Saumur et du maintien de traditions ancestrales. Ces sauts d’école maintenus lors des carrousels annuels puis, bien plus tard, dans les Galas du Cadre noir (en savoir +). Après cette période, la cavalerie continue de s’adapter à la guerre dont l’emploi du cheval d’arme est bousculé sous l’Empire.
Les Carrousels prendront ensuite une forme plus moderne avec la présence d’une partie motorisée toujours dans l’expression publique d’une maîtrise militaire. Des carrousels sont organisés dans différentes garnisons et Ecoles tout particulièrement Saumur, Fontainebleau (lien) et Paris.
Le goût de l’anglomanie, de l’équitation d’extérieur et du saut fait son apparition dans la période du romantisme, évolution prise en compte lors du Carrousel de Saumur qui reflète ainsi les évolutions l’enseignement militaire. Après ces débuts ce sont des compétitions qui vont prendre le relais et devenir de véritables spectacles équestres, avec notamment au Grand Palais les championnats organisés par la Société hippique française (SHF), mais aussi avec le Championnat du cheval d’armes qui attire un large public.
Le Carrousel militaire témoigne de la maîtrise équestre des officiers de cavalerie ce qui contribue à glorifier l’armée.
Le témoignage du Sport universel illustré de juillet 1900 permet d’évoquer les participants et les différents tableaux réalisés l’année même des Jeux olympiques de Paris 1900. Ce carrousel est présenté place de Breteuil : par les élèves de Saint-Cyr, Polytechnique, et des régiments avec Fantasia, … ; les Ecuyers de Saumur et de l’Ecole militaire sont dirigés par le commandant Varin. Dans cet article à noter la première mention entre guillemets de l’expression « Cadre noir » ! une première qui témoigne de l’apparition de l’expression Cadre noir pour désigner en fait ce qu’on appelait le Manège de Saumur (l’appellation Cadre noir). Tradition qui se prolongera durant le XXème siècle avec Le Carrousel de Saumur est devenu, avant et après-guerre, un événement marquant, à la fois cérémonie et fête militaire où les blindés prendront une légitime place, mais aussi équestre, qui s’inscrit dans la longue histoire des spectacles équestres, et ont largement contribué à établir la popularité du Cadre noir.
Nouvel événement à la gloire des militaires : Les nuits de l’Armée au Veld’Hiv, puis avec La Grande parade de la Gendarmerie au Palais des sports, événements qui redonnent une place importante à l’équitation « spectacle ». Le développement le plus considérable, découle de l’élargissement des sports équestres avec les grands concours « hippiques » retransmis par la télévision et commentés par Léon Zitrone, comme la création en 1983 de la Coupe du monde de Dressage qui donne un nouvel élan au Dressage comme en atteste Le Livre des 100 ans de la Fédération française d’équitation. https://boutique.ffe.com/un-siecle-d-equitation.html
Spectacles équestres et sport
Le XXème siècle va connaitre une évolution majeure des pratiques équestres avec le développement inattendu, mais conséquence du projet olympique de Pierre de Coubertin concrétisé par les premiers Jeux Olympiques modernes d’Athènes en 1896, ouvrant une nouvelle voie pour l’équitation : alliant sport et spectacle équestre. C’est un nouveau chapitre de la culture équestre concernée par l’olympisme et en conséquence les Fédérations sportives, voir Culture olympique. On ne peut passer sous silence la dimension spectacle du sport et le succès mondial des Jeux Olympiques qui attirent un public toujours par le relais de la télévision et des réseaux sociaux. https://www.equitation-francaise.fr/culture-olympique/
Le Musée olympique de Lausanne met en évidence l’importance de la dimension spectacle du sport. lien : https://olympics.com/musee/visiter/infos-pratiques
Spectacles équestres et tradition : Chantilly, Versailles, Saumur, les Salons …
Les spectacles équestres ont été relancés au milieu des années 1970, une des spécificités françaises qui s’appuie tant sur la pérennité de nos institutions équestres (Cadre noir et Garde républicaine), que sur de grands événements comme Cheval-Passion, le Saut Hermès, ou EquitaLyon, … Ils reposent sur le savoir-faire et la créativité d’artistes–cavaliers que symbolisent notamment les familles Gruss et Bienaimé, et des artistes dont la renommée dépasse les frontières : Bartabas ou Zingaro, Alizée Froment, mais aussi Lorenzo, Mario Luraschi, Les chevaux du soleil, Exemples : https://www.offi.fr/theatre/equestre.html
Quelle que soit la forme de ces spectacles ils contribuent à la créativité culturelle qu’entretient des communautés qui contribuent au rayonnement de l’Equitation de tradition française en se présentant régulièrement à Versailles, Chantilly, Saumur) et lors de déplacements tant en France (Paris, Versailles, Bordeaux, Lille, Lyon, Avignon, …) que dans les capitales et grandes villes d’équitation aux lieux dédiés : Londres (Olympia), Paris (Grand palais, Bercy, Porte de Versailles), Fierra Cavalli (Vérone-ITA), Jerez (ESP), Equitana (Essen), Verden (RFA), … permettant d’exporter l’expression d’un style propre à la culture française. L’ensemble de ces spectacles équestres témoignent en faveur d’une diversité issue de l’Ecole française. Les déplacements du Cadre noir depuis 1866.
Souvent associés à des lieux particuliers ces spectacles contribuent au rayonnement de l’Equitation de tradition française témoignant de l’action incontestable de certaines communautés après création sur le site.
Les Grandes écuries, Musée vivant du cheval.
Les plus grandes écuries princières d’Europe sont Installées dans ce chef d’œuvre architectural, conçu par Jean Aubert, près de l’hippodrome qui accueille notamment le Prix de Diane : https://chateaudechantilly.fr/grandes-ecuries/
Les présentations et spectacles équestres de Chantilly, régulièrement renouvelés, sont réalisés par 30 chevaux et une équipe de cavalières et écuyères qui développent des présentations pédagogiques, artistiques et des spectacles équestres. Dressage, haute école, voltige et fantaisies équestres sont une expression d’une communauté faisant vivre de l’Equitation de tradition française comme définie lors de l’inscription à l’Unesco.
La direction équestre et artistique des Grandes écuries est confiée à Sophie Bienaimé, fille du créateur du Musée vivant du cheval le 6 juin 1982 : Yves Bienaimé.
Pour en savoir plus : https://www.chantilly-senlis-tourisme.com/patrimoine/musee-vivant-du-cheval-grandes-ecuries-du-chateau-de-chantilly/
L’Académie Équestre de Versailles
La Grande Écurie du château de Versailles, site historique construit par Jules Hardouin-Mansart, a retrouvé sa fonction première : équestre. Ce lieu prestigieux conçu comme un décor de théâtre accueille l’Académie équestre de Versailles fondée en 2003 par Bartabas. Écuyer, metteur en scène et pionner d’une nouvelle forme d’art équestre – qui conjugue équitation, musique, danse et chant – il a créé, spécialement pour l’Académie, La Voie de l’écuyère. Ce spectacle interprété par une dizaine d’écuyères de haut niveau met en avant le travail de dressage de basse et de haute école conforme à l’Équitation de tradition française. 40 chevaux résident à demeure à l’Académie et participent aux entraînements ou aux représentations. La Grande Écurie est désormais dotée d’un manège devenu salle de spectacle. Dédié à une forme artistique unique qui mêle l’académisme équestre, l’escrime, la danse, le chant et l’arc japonais, ce splendide écrin donne à voir l’excellence de l’art équestre français. Bartabas a placé cette compagnie-école sous le signe du partage et de la transmission des savoir-faire enseignés. Pour que cet art équestre évolue sans cesse et reflète tant la personnalité des écuyères que des chevaux. Une école de vie à nulle autre pareille dans l’univers équestre.
Pour en savoir plus :
– sur le lieu www.bartabas.fr/academie-equestre-de-versailles/presentation-academie-equestre-de-versailles
-sur le spectacle www.bartabas.fr/academie-equestre-de-versailles/spectacles-academie-equestre-de-versailles
Artiste équestre hors pair qui a acquis une grande expérience en Dressage par ses performances avec le cheval Mistral du Coussoul. Devenue une auteure de référence, par ses analyses reposant sur des acquis découlant de son parcours, de son expérience qui lui ont donné une notoriété internationale par ses spectacles équestres.
Les présentations d’Alizée Froment, dont l’originalité n’échappe à aucun public toujours très séduit, reposent sur la discrète harmonie d’un langage nouveau et secret qui mène au rêve. But quelle atteint dans ses spectacles au regard de ses nombreux succès reposant sur ce nouveau développement d’une forme innovante de l’Equitation de tradition française, et dont elle est une ambassadrice de la communauté des artistes qui portent l’Equitation de tradition française.
Pour en savoir plus : https://www.instagram.com/alizeefroment/?hl=fr
Le Cadre noir
Institution qui garde auprès du public une place privilégiée dans les spectacles équestres par la force de ses traditions. La spécificité de son uniforme, représentant l’institution française la plus ancienne car elle remonte à 1815, et désormais inscrite dans la modernité et l’originalité de ses spectacles comme sur la piste de Paris-Bercy avec le Spectacle des 4 écoles d’art équestre Vienne, Saumur, Jerez, Lisbonne de 2012. Les galas annoncés par le Cadre noir sont en 2024 Lille et, en 2025 : Poitiers, Dijon, … L’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco a fait du Cadre noir l’un des ambassadeurs de l’Ecole de tradition française le plus visible.
Pour en savoir plus sur :
Les galas à l’extérieur : https://www.ifce.fr/cadre-noir/visites-et-galas/galas/les-galas-du-cadre-noir-a-lexterieur/
Les galas à Saumur : https://www.ifce.fr/cadre-noir/visites-et-galas/galas/